L’AVANT-GARDE DU
L’AVANT-GARDE DU SHOPPING Heesung Jun (tout en haut) de 10 Corso Como à Séoul (ci-dessus) fait l’éloge du « shopping lent », de la mode de luxe et de l’art. Hyuna Kim, responsable du marketing d’American Apparel en Corée (à droite), adore l’énergie de Séoul : « Les gens font la fête et travaillent avec la même intensité ». Ci-dessous : la F-TYPE dans une nouvelle concession Jaguar ultra-chic de Séoul réalisés avec les imprimantes 3D situées dans le hall de réception de l’hôtel. « Dans cet espace, nous voulions réunir de façon harmonieuse la technologie, l’art et la culture », explique Nam. « Nous disposons également d’une galerie et d’une petite salle parfaite pour les exposés et les discussions. En effet, la technologie ne se limite pas seulement aux gadgets : elle commence souvent par un échange d’idées. » Small House Big Door représente un excellent exemple de la petite industrie de la création basée à Séoul. À l’autre bout de l’échelle, vous ne trouverez pas d’exemples plus imposants que Samsung. En dehors des produits électroniques pour lesquels cet énorme conglomérat est surtout connu, les acti vités de Samsung sont très variées et touchent aussi bien les voitures (Samsung Renault) que les chaussettes (avec sa boutique de mode 8 Seconds) ou encore le plus grand parc d’attractions du pays (Everland Resort). Samsung est extrêmement important sur le plan économique puisqu’il génère à lui seul près de 20% du PIB sud-coréen – vous avez bien lu, ce chiffre est bel et bien correct. Au niveau culturel, Samsung se montre également très influent. Comme les entreprises Hyundai et LG, le groupe Samsung bénéficie d’une clientèle très fidèle, et ce, bien qu’aucune pression exercée par la société et renforcée par la publicité omniprésente ne semble pousser à acheter des produits locaux. Une exception notable est le cas d’Apple et de sa forte attractivité auprès de la communauté des jeunes créateurs de Séoul : comme ils utilisent des ordinateurs Mac au travail ou à la maison, ils préfèrent acheter un IPhone plutôt qu’un Samsung Galaxy. Le marché intérieur est si puissant que de nombreuses entreprises et marques coréennes couronnées de succès sont peu connues en dehors de l’Asie. C’est le cas notamment de Naver, le cinquième moteur de recherche le plus utilisé au monde ou encore de LINE, l’application de messagerie instantanée occupant la quatrième place à l’échelle mondiale. Cette fidélité s’étend également aux commerces. En effet, contrairement à de nombreuses capitales, vous ne trouverez pas Zara, H&M et Starbucks à chaque coin de rue, mais beaucoup de marques locales intéressantes, comme Innisfree et Beanpole. Gangnam, l’arrondissement de Séoul généralement associé au shopping de luxe et devenu célèbre grâce à la mélodie entêtante du tube Gangnam Style est plein de magasins phares de grandes marques internationales, semblables à ceux du quartier d’Aoyama à Tokyo et de Mayfair à Londres. En 2008, en partenariat avec la division de mode de Samsung, le groupe italien de magasins multimarques 10 Corso Como y a ouvert son premier établissement coréen. À l’image de son mantra radical et relaxant prônant un « shopping lent » et une fusion de la mode de luxe, du commerce et de l’art, 10 Corso Como offre une toute nouvelle expérience de shopping aux habitants de Séoul. Au lieu de l’ambiance effervescente « K-pop » habituelle, l’agencement soigné du magasin invite à la détente. Contrairement au Japon, le marché du luxe en Corée n’en est encore qu’à ses débuts avec seulement quelques marques 40 j NUMÉRO SPÉCIAL DYNAMISME
VOYAGE > JUNGMO NAM LA TECHNOLOGIE EN LIBRE SERVICE Jungmo Nam est directeur et graphiste de l’hôtel Small House Big Door (à gauche) où les hôtes peuvent utiliser des imprimantes 3D locales reconnues au niveau international. Toutefois, 10 Corso Como en valorise certaines parmi les meilleures, comme Steve J and Yoni P, Nonagon et History by Dylan. Lee Joo Young qui est responsable du contenu numérique chez Dazed Korea (édition locale de Dazed & Confused, le magazine culte britannique pour la mode et la culture pop) est l’interlocuteur idéal pour discuter du futur numérique de la mode. « Comme LG et Samsung possèdent aussi des entreprises dans le secteur de l’habillement, il leur est facile de combiner leurs points forts que sont la mode et l’électronique », explique-t-il. « Nous sommes une nation qui aime s’exprimer numériquement. Force est de constater qu’une convergence de plus en plus fréquente et réussie des gadgets et de la mode est inévitable. » Depuis les montres connectées comme Apple Watch et Samsung Gear, jusqu’aux chaussures intelligentes de Nike qui permettent d’analyser l’entraînement effectué, les vêtements se modernisent et dépassent largement l’esthétique vestimentaire. Selon une étude récente menée par Samsung auprès d’utilisateurs de la technologie portable, 61% se consi dèrent mieux informés, 47% plus intelligents et 61% affirment que leur efficacité personnelle s’est améliorée. Tous ces éléments laissent pressentir que ce marché représentera la prochaine vague d’innovations et le principal nouveau segment technologique de l’année 2015, en combinaison avec les applications de santé et de bien-être associées. Toutefois, les attentes exigeantes des clients vont de pair avec cette fidélité aux marques locales. Les Sud-Coréens s’attendent à obtenir et réclament les toutes dernières innovations dotées de tous les superlatifs possibles : les plus rapides, les plus puissantes et les plus attirantes. Asiana, la deuxième compagnie aérienne de Corée possède les plus grands écrans individuels de 32 pouces à bord de ses appareils. Dans son magasin phare avec zone expérientielle dédiée à la découverte des innovations, Samsung présente actuellement son téléviseur Ultra Haute Définition/4K le plus grand du monde, en l’occurrence, de la taille d’un lit. Quant au groupe LG, il vient de lancer le smartphone G Flex 2, qui avec son écran incurvé, constitue l’appareil le plus flexible qui soit. De même, lorsque Conrad, l’enseigne de luxe du groupe hôtelier Hilton, a ouvert en 2012 un hôtel de 38 étages comptant parmi les plus innovants de la capitale, il allait de soi que l’établissement devait concorder parfaitement avec le slogan de l’entreprise : « le luxe intelligent ». Les hôtes bénéficient ainsi de l’application mobile « Concierge » avec sa fonction de pré-enregistrement, de l’accès Wi-Fi sans faille qui assure une connexion constante, même dans les ascenseurs, tandis que les chambres disposent de téléviseurs Apple et les fenêtres des salles de bain deviennent complètement opaques sur simple pression d’un bouton. L’hôtel coopère aussi avec Jaguar. Le service de voiturier est gratuit pour les propriétaires de Jaguar. De plus, une XJ et son chauffeur sont disponibles sur demande. La Corée du Sud est le 5ème plus grand marché de Jaguar dans son ensemble et occupe la 3 ème place pour le modèle XJ en particulier. « Le style britannique et le caractère des voitures sont des facteurs déterminants du succès connu ici », indique Jung Dawoon, conseiller de vente à la concession automobile très chic de Hannam. « Nous constatons que la plupart des clients souhaitent une expérience de conduite plus émotionnelle qu’auparavant. Et tout particulièrement avec la F-TYPE et la XJ, ils recherchent une voiture pour les excursions à la campagne et dans les montagnes. Il peut être difficile de circuler à Séoul, donc les week-ends sont importants pour se faire plaisir en voiture. » Le plaisir est d’ailleurs pris très au sérieux par les Coréens. Chacun remarquera que Séoul a une culture de « travail et de loisirs intenses ». C’est une ville étonnamment débordante d’énergie qui saura vous divertir jusqu’au petit matin. « Le moteur de nos vies professionnelles, privées et sociales est la technologie », ajoute Lee Joo Young. « Mais celle-ci nous rendelle plus heureux ? Difficile à dire. En revanche, il est tout à fait vrai que nous avons moins de « temps de calme » consacré à la réflexion ou à la lecture. Nous pouvons être nostalgiques du bon vieux temps, mais à quoi bon s’attrister ? Si nous voulons rester heureux dans une société à la pointe du progrès technologique, nous devons accepter le changement. » NUMÉRO SPÉCIAL DYNAMISME j 41
