VOYAGE DE L’ART SUR
VOYAGE DE L’ART SUR L’EAU Ci-dessus : le Pérez Art Museum Miami, inauguré en 2013 et également dessiné par les architectes Herzog et de Meuron, est principalement consacré à l’art contemporain des Amériques, d’Europe et d’Afrique. Ci-dessous : Brandi Reddick, la curatrice du programme « l’Art dans les lieux publics » du Comté Miami-Dade, à l’origine de la montée des arts dans la ville. public une expérience dynamique de l’art, du design, de la nature, de la technologie et des services », affirme Faena. Rejetant les termes « luxe » et « promoteur », il considère son travail davantage comme celui d’un metteur en scène urbain dans une ville où le rôle du public est à la fois celui de spectateur et d’acteur. « L’univers Faena tout entier est comme une scène de théâtre où chaque espace fait l’objet d’une chorégraphie minutieuse pour créer une succession de rêves et d’actes », complète-t-il. Un exemple de l’attention particulière accordée à la théâtralité réside dans les jardins de l’hôtel dominés par l’imposante œuvre de Damien Hirst Gone but not forgotten, un véritable squelette de mammouth reconstitué et enveloppé de feuilles d’or dans une boîte en verre. Cela peut paraître ridicule, un acte d’orgueil mal placé, et pourtant, au fond, ce mammouth mort symbolise à la fois étrangement et parfaitement Miami d’une manière très singulière. C’est magnifique, c’est de l’art moderne, et cela ne profane pas les gloires passées. À l’intérieur de l’hôtel, les chambres et les suites ont été dessinées par le réalisateur Australien Baz Luhrmann et sa femme, Catherine Martin, qui est également créatrice de costumes et directrice artistique. Cela dit, la modération est de mise. Si tout 40 j NUMÉRO SPÉCIAL DESIGN
« IL Y A UN ÉQUILIBRE ENTRE L‘ART PUBLIC, LE MONDE DES AFFAIRES, LES CONSIDÉRATIONS COMMERCIALES ET LE BESOIN DE PROMOUVOIR LES TALENTS DU TERROIR, LES NOUVEAUX QUARTIERS ET LES COMMUNAUTÉS. » l’hôtel avait été déplacé sur la Côte Ouest, il aurait pu être ostentatoire, mais ici à Miami, il existe un courant sous-jacent de sensibilités européennes et sud-américaines qui empêche tout élément décoratif de sortir trop fortement du lot. Le hall de l’hôtel est un autre exemple. Il est surnommé « la Cathédrale » et arbore huit grandes fresques de Juan Gatti représentant les vertus telles que « Gnosis », « Pax », « Amor » et « Energos ». L’endroit ne ressemble pas au hall d’un hôtel classique. Il n’y a pas de comptoirs, juste des banquettes (bancs capitonnés le long du mur), ce qui implique que la première impression que vous aurez de l’hôtel ne sera pas celle habituellement ressentie : une réception bruyante et encombrée, des ordinateurs, de la paperasse et des piles de bagages. Votre sensation première sera tout simplement inspirée par l’art. À la fin de cette année, lorsque la Art Basel reprendra ses quartiers en ville, le district tout entier sera terminé et il sera extrêmement intéressant de voir comment le public réagira dans la pratique aux nombreux efforts déployés par Faena pour dynamiser le quartier. Il en va de même pour beaucoup d’autres districts de Miami. Le district art déco de South Beach, connu pour ses célèbres formes pastel et curvilignes, continue de s’épanouir grâce aux lois en matière de préservation publique. À quelques encablures au sud du Design District se situe Wynwood, qui déborde de galeries, de studios d’artistes, de salons de tatouage et de cafés et qui, le week-end, regorgent de touristes venus pour l’art de rue et les graffitis. Brandi Reddick est déjà très emballée par la prochaine destination : « Il y a énormément d’énergie positive dans le district de Little Haiti/Little River. Des galeries telles que Spinello Projects, Gallery Diet, Emerson Dorsch et ArtCenter South Florida ont récemment ouvert de nouveaux espaces. Certains des artistes de Miami les plus en vue, y compris Edouard Duval-Carrié, Carlos Betancourt, Agustina Woodgate et Bhakti Baxter travaillent dans des studios situés à cet endroit. Plus important encore, ces galeries et ces artistes achètent leurs propriétés, ce qui leur permettra d’avoir un investissement financier substantiel à l’avenir. » Cette dernière remarque est sans doute cruciale dans le succès actuel de Miami : une ville où les mondes des affaires et de l’art parviennent à coexister à tous les niveaux. Il y a un équilibre entre l’art public, le monde des affaires, les considérations commerciales et le besoin de promouvoir les talents du terroir, les nouveaux quartiers et les communautés. Et c’est en ce sens que Miami, à l’heure actuelle, brille de tout son éclat. OÙ DORMIR FAENA HOTEL MIAMI BEACH – Le Faena Hotel (ci-dessus) fait partie d’un ensemble de bâtiments et est à l’heure actuelle l’hôtel le plus prisé de Miami. Des œuvres de Damien Hirst (ci-dessous) au cabaret en passant par le restaurant, tout est conçu pour rivaliser avec ce qui se fait de mieux dans le monde en matière de services et d’installations. ALOFT MIAMI BRICKELL – Cet hôtel unique en son genre vaut le détour et offre un accès facile au centre-ville. THE MIAMI BEACH EDITION – L’hôtel d’Ian Schrager se fait une place sur le marché du millénaire avec un lounge surprenant, totalement blanc, des pistes de bowling, une patinoire, une boîte de nuit et un accès direct à la plage. QUE VISITER PÉREZ ART MUSEUM – Un magnifique musée d’art accessible par le service gratuit Metromover. WYNWOOD DISTRICT – Un paradis de l’art de la rue jalonné de nombreuses petites galeries, de studios d’artistes et de cafés. LITTLE HAITI/LITTLE RIVER DISTRICT – Un lieu de passage d’artistes intéressants avec de grandes galeries récentes et des espaces/studios de travail. OÙ MANGER MICHAEL’S GENUINE FOOD & DRINK – Pour une nourriture authentique de première qualité. NUMÉRO SPÉCIAL DESIGN j 41
